A la recherche de l’inspiration : Search Light

 

Un jeune homme entre dans une cuisine sombre, territoire mystérieux bien que familier. Il allume les lumières. Pourtant, le spectateur remarque, avec étonnement, que l’individu qui se prépare à écrire demeure dans la pénombre. La luminosité est parcellaire en ce lieu. Le personnage regarde sa feuille, l’air pensif : que va-t-il écrire ? Cut. Plan général d’une montagne verdoyante, imposante, véritable prouesse de Dame Nature. 

De prime abord, Search Light impose une ambiguïté narrative. En effet, comment interpréter cette figure de liaison, cette transition entre deux plans qu’apparemment tout sépare ; l’un décrit un espace fermé (la cuisine) alors que l’autre présente un panorama naturel à perte de vue. 

De nombreux plans descriptifs (c.-à-d. dont l’utilité est de définir le cadre du récit) composent le film de Markus Hofer qui, cette fois également, signe le scénario du court-métrage. Il est plaisant de relever le soin accordé aux images qui se succèdent, et ce pour raconter une histoire qui suggèrent plusieurs interprétations possibles. 

Si on considère que le premier plan général qui décrit le paysage montagneux représente la visualisation du protagoniste, alors Search Light exprime la tentative d’imaginer un récit, une œuvre qui dépeignerait la prouesse que peut constituer l’écriture. L’aspect mystérieux, voire mystique du décor au sein duquel évolue l’unique personnage peut faire penser à la série culte Twin Peaks ou, dans une veine vidéoludique, Alan Wake

L’élément qui suggère probablement le plus la quête d’inspiration est le feu visible aux alentours du dénouement. Est-ce l’aboutissement d’une introspection créative ? Ne serait-ce qu’un éclair de génie, survenant de manière purement arbitraire ? Là encore, le court-métrage laisse le loisir de l’interprétation au spectateur.

Par l’importance du cadre narratif (celui de la montagne), Search Light peut être appréhendé comme un diptyque aux côtés d’un autre travail : Dusk Light.

Dans ce film également, le metteur en scène se contente de suggérer. Il n’impose aucune interprétation. Le motif narratif de la fuite constante face à une menace indéfinie, incarnée par une entité marchant lentement mais inexorablement vers son objectif, rappelle des films comme It follows. Le spectateur se retrouve pris de court par la fin qui laisse planer un espoir : était-ce vraiment une fuite ? 

De manière analogue, Search Light exprime-t-il un souvenir ? Est-ce l’imagination du jeune homme à l’œuvre ? Au spectateur de se laisser entrainer dans cette histoire proche du rêve. Une tentative de remédier au problème de la page blanche… peut-être. 

 

Rayan Chelbani

29.03.2022

Chronique amicale

 

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